mardi 9 juillet 2013

Conseil Municipal du 30 juin

Je tenais à vous rassurer. Je ne suis ni aveugle, ni sourd. La séance du Conseil Municipal de ce matin sera manifestement à nouveau très brève. Tout du moins, en ce qui me concerne. Comme tous les Français, les Sénonais souffrent face à la crise, et s’ils nous ont élus, évidemment, c’est pour que nous apportions des réponses concrètes aux problèmes qu’ils rencontrent dans leur vie quotidienne, que nous favorisions le développement de notre ville qui en a tant besoin. La politique politicienne, le petit jeu des partis, les intrigues d’arrière-cuisine, n’ont jamais été ma tasse de thé. J’aime Sens. J’y suis né, j’y travaille, j’y habite, et je n’ai jamais eu d’autre ambition que de servir les Sénonais. Ne tournons pas autour du pot et cessons le petit jeu ridicule qui nous oppose depuis trop longtemps. En quittant cette salle mardi dernier, avant même l’adoption de l’ordre du jour, vous avez montré, une fois encore, votre détermination à faire barrage à chacun des projets que je porte. Prenons un exemple parmi tant d’autres : la réfection du marché couvert. Le projet qui vous a été présenté est un copier-coller de celui que vous avez déjà adopté par deux fois, au niveau du FISAC et au niveau de la délibération. Ce ne sont pas les idées que je défends qui vous insupportent : c’est moi.
Le problème, c’est qu’en choisissant coûte que coûte de me déstabiliser, de me ridiculiser, comme pour m’éliminer définitivement de la scène politique locale, à moins d’un an des prochaines échéances électorales, vous causez des dégâts collatéraux bien plus graves. Ce n’est pas moi qui souffre le plus de ces petits calculs politiciens mesquins, tellement éloignés des attentes de ceux qui nous ont accordé leur confiance et qui attendent tant de notre action. Non, ceux qui souffrent, ce sont les Sénonais. Tout au long de ma vie, je me suis employé à défendre mes idées. J’ai toujours été fidèle à mes convictions, quelles qu’en soient les conséquences. Tout le monde, dans cette assemblée, ne peut pas en dire autant. Je voudrais rendre hommage à celles et ceux qui ont eu le courage de me rester fidèles, de faire face aux mensonges, aux trahisons, à la démagogie pour défendre le projet pour lequel nous avons été élus.
 
M. Moreau, j’ai lu vos déclarations à la suite du dernier Conseil Municipal. Vous jubiliez en déclarant que je me retrouvais à la tête d’une majorité qui n’existait pas. Vous aviez raison. Pas de jubiler, mais dans votre analyse. On ne peut pas devenir maire d’une ville comme Sens et ne pas accepter de prendre des coups. Prendre des coups ne me dérange pas. Non, ce qui me dérange, ce qui m’écœure, c’est de voir notre ville prise en otage. Rassurez-vous, je reste lucide et capable de balayer devant ma porte. Le moment venu, je ferai le bilan de mon action devant les Sénonais, ainsi que mon autocritique. Si je n’ai pas tout bien fait, l’intérêt général a toujours guidé mon action. A ce titre, j’ai pris la décision de mettre un terme à la situation de blocage à laquelle notre ville est confrontée. Depuis trop longtemps, cette ville est bloquée. Je remets ma démission du poste de maire de la ville à monsieur le Préfet de l’Yonne. La contestation est un art à la portée du premier venu. Mais la gestion d’une ville est bien plus compliquée.
Votre dernière provocation collective est pathétique. Vous vouliez me retirer une partie de mes indemnités de maire afin de me décourager. Vous pensiez que j’étais un homme d’argent ? En prenant la décision, aujourd’hui, de devenir conseiller municipal, je renonce à mes indemnités. L’appât du gain n’a jamais motivé mon engagement, jamais. Mesdames et Messieurs les représentants de l’UMP, du PS, de l’UDI, d’Europe-Ecologie-les Verts et du groupe Convergence, comme vous avez su trouver un terrain d’entente pour mettre fin à mon mandat avant son terme, je vous laisse face à vos responsabilités. Au sein de votre nouvelle majorité, à vous de nommer votre leader. Je suis certain que cela ne vous posera aucun problème de conscience. A vous de montrer que Sens est désormais gérée par une dream team, quelle dream team !
En ce qui me concerne, je siégerai désormais dans cette assemblée, en qualité de conseiller municipal. Soyez-en certains, mon attitude sera radicalement différente de la vôtre. Je ne voterai pas contre les projets que vous défendrez, s’ils me semblent aller dans l’intérêt des sénonais, car je n’ai qu’un parti, et c’est le parti de Sens. Mes amis, car j’en ai encore, vont également quitter la salle. Dans l’ordre du tableau, c’est donc M. Ben Ali qui prend la présidence de l’assemblée et ménera vos débats. Félicitations Christophe, voici enfin le grand jour dont tu as toujours rêvé ! Pour ce qui nous concerne, l’ensemble des délibérations inscrites à l’ordre du jour nous conviennent. C’est donc votre groupe, constitué par l’alliance de l’UMP, du PS, de l’UDI et de Convergence, qui fera le vote. Nous ne pratiquons pas la politique de la chaise vide, que nous avons bien sûr, toujours condamnée. Nous vous laissons discuter sereinement, sans que vous ayez à vous livrer à des effets de tribunes. Dans le cadre de ce Conseil, aucun quorum n’étant requis, tous les votes, y compris celui du marché couvert, peuvent avoir lieu.
Avant de m’en aller, je vous demande de laisser une chance à notre ville. Assurez-vous que les commerçants non-sédentaires pourront rester en centre-ville, ce serait de bonne politique. Assurez-vous que le quartier des Champs-Plaisants se transformera comme celui des Chaillots. Assurez-vous que la friche industrielle du plomb devienne enfin un lieu de vie. Vous en avez la possibilité. Assurez-vous que les services municipaux vont pouvoir s’équiper pour travailler, ne serait-ce pas la moindre des choses ? Maintenant que vous avez eu le temps de prendre connaissance des délibérations, que vous savez que je ne serai plus votre maire, vous avez toutes les cartes en mains, Mesdames et Messieurs de la nouvelle majorité.
Dans une conjoncture économique difficile, j’ai fait de mon mieux pour redresser une ville divisée, c’était le moins que l’on puisse dire, qui partait à vau l’eau. Je n’ai pas ménagé ma peine pour que Sens redevienne une ville attractive, j’ai profondément aimé être au contact des Sénonais, quitte à en décevoir quelques-uns. Je continuerai, sous une forme ou sous une autre, à participer à la vie de notre cité. Je suis un homme libre, j’en paie le prix fort, je l’admets, mais je me retire la conscience en paix et avec le sentiment du devoir accompli. Aux Sénonais et aux Sénonaises, je souhaite le meilleur pour l’avenir. Et comme l’a proclamé si fièrement Ruy Blas, bon appétit Messieurs !
 



 

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