Mesdames et Messieurs les anciens combattants, les déportés, les
résistants,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Ainsi, la
République française a-t-elle décidé d'honorer la mémoire des victimes de la
déportation, en particulier des déportés de France dans les camps de
concentration ou d'extermination nazis.
Dans leur message adressé à la nation et plus particulièrement aux générations
nouvelles, les déportés nous mettent en garde. Ils nous rappellent « que c’est surtout dans les moments de crise
que resurgissent les discours antidémocratiques, xénophobes, racistes et
antisémites… ».
Il est donc
essentiel que nous puissions toujours nous souvenir de cette mécanique
infernale qui conduisit Hitler au pouvoir en 1933. Mécanique infernale qui
aboutit à la stigmatisation de pans entiers de la société : Juifs,
homosexuels, francs-maçons, communistes, trisomiques, peu à peu marginalisés,
internés, déportés, exterminés.
Mauthausen en
Autriche, Oswieczim en Pologne, Struthof en France, ce qui aurait dû être et
rester le nom de charmants petits villages ruraux ou de lieux dit, est devenu
le synonyme – et malheureusement, ils sont nombreux - des pires atrocités que notre civilisation ait
été capable de commettre : la planification de l’asservissement et de la
mort de millions d’êtres humains.
Il est encore
très difficile aujourd'hui d'établir un bilan précis de la déportation.
Cependant les estimations qui résultent des recherches historiques les plus
récentes sont effroyables :
Les camps de
concentration ont reçu, de septembre 1939 à janvier 1945, 1 650 000 déportés
(résistants, politiques, raflés, droits communs), en majorité des hommes, et
550 000 d'entre eux, c'est-à-dire un tiers, n'ont pas survécu à la déportation.
Dans les camps
d'extermination, de 1941 à 1945, sont morts 3 000 000 de Juifs, 220 000 à 250
000 Tziganes ainsi que 100 000 malades mentaux.
Et si on
ajoute aux Juifs morts dans les camps, les 800 000 morts par suite de la
ghettoïsation et des privations, ainsi que les 1.300.000 morts sur le front de
l’est par exécution en plein air par les Einsatzgruppen, le bilan global du
génocide dépasse les 5 000 000 de morts. Le monde du Shtettel est mort, la
culture yiddish, naguère si florissante, est passé du vivant au souvenir des
musées.
En France on
estime à plus de 150.000 le nombre des déportés dans les camps de concentration
ou d'extermination nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Parmi eux,
80.000 victimes de mesures de répression (principalement des politiques et des
résistants, c'est-à-dire clairement des communistes, des socialistes, des
gaullistes) et 75.000 juifs, victimes des mesures de persécution touchant
également 15.000 Tsiganes. Au total, disparurent plus de 100.000 déportés.
La machine de
guerre nazie et de ses collaborateurs zélés du gouvernement de Pétain butta
néanmoins sur la résistance passive du peuple français qui refusa dans son
immense majorité cette monstruosité. Grâce à cette résistance passive et
active, la communauté juive de France fut épargnée à 80%.
Aussi, en ces
temps de crise, il nous faut nous rappeler que la montée des Nationalismes
entre les deux guerres a été fortement alimentée par les difficultés économiques
sans précédent que connut l’époque. Alors que seul dans le monde l’Europe
plonge dans l’abîme, tournons-nous vers nos dirigeants et vers Bruxelles pour
leur rappeler que l’appauvrissement général des pays européens nous conduit
dans le gouffre, et que le racisme, la haine, la délinquance, sont le plus
souvent le fruit du chômage, de la misère, du déclassement social.
À mesure que
le temps passe, les survivants, revenus de l'enfer des camps de la mort, sont
de moins en moins nombreux. Ils sont les témoins vivant d'une époque de
l'histoire que nous ne voulons pas revivre.
Je remercie
profondément, Jean Maurice, résistant dans la Sarthe en 1942 au sein du réseau
britannique SOE (Special Operations Executive) qui a évoqué hier au CEREP ce
quotidien douloureux et cette infortune qu’il a partagé avec de nombreux
résistants sénonais - Léon Verny, Alfred
prieur, Pierre Castets, Jorge Semprún - croisés lors de sa déportation aux
camps de concentration de Buchenwald puis de Dora.
Avec lui, il
est important de perpétuer le souvenir de ces hommes courageux qui ont risqué
leur vie, et l'ont parfois sacrifiée, pour sauver d'autres êtres humains et que
leur exemple honore l'humanité tout entière.
A notre génération
désormais d'entretenir la flamme du souvenir et de faire en sorte que sa
lumière éclaire notre propre existence.
C'est à nous de préserver les
générations futures des messages porteurs de haine, d'exclusion, de racisme
pour qui les chambres à gaz ne sont qu'un détail de l'Histoire.
Au nom de tous
les Sénonais, nous entendons l’appel à
la vigilance, au respect de l’être humain, de sa dignité et du droit à la
différence lancé par les déportés (*message rédigé en 2013 conjointement par
les fédérations des déportés).
Je vous
remercie de votre attention.